Skip to content

Histoire de Pepinster

par Henri BAIVERLIN

La commune de Pepinster, telle qu'elle existe aujourd’hui et qui compte dix milliers d'habitants, est de création récente. Elle résulte, en effet, de la fusion de quatre communes autonomes qui, au cours des siècles, avaient connu des destinées différentes : Cornesse, Pepinster, Soiron et Wegnez. Le relief de la nouvelle commune ainsi constituée au 1er janvier 1977 est très varié.

Il offre l'aspect d'un plateau étalé en terrasses et fortement entaillé par deux rivières au régime torrentiel - la Vesdre et la Hoëgne - et par leurs ruisseaux affluents. Il culmine, à Tancrémont, à 333 mètres, alors que la Vesdre, à 3 km 200 de là, coule à 135 mètres d'altitude.

Genèse


Ce territoire a été parcouru par les chasseurs de la préhistoire dont on a retrouvé d'importantes stations mésolithiques à Wegnez, à Cornesse et aux Mazures notamment. En revanche, on n'y a décelé aucune trace d'occupation du sol par des agriculteurs, ni à la période néolithique, ni au temps des Gaulois, ni à l'époque romaine. Une découverte importante a, toutefois, permis de confirmer qu'une route antique - de Tongres à Trêves - traversait Soiron et Wegnez, du nord au sud.

L'installation permanente de communautés rurales, souvent peu importantes, commence donc chez nous, au Moyen Age; elle s'étale sur plusieurs siècles. C'est, en effet, ce que nous apprennent des noms de lieu comme Soiron, Wegnez, Tribomont, Tancrémont, puis Pepinster, Hodister, Hauts Sarts, Fond de Ville ... Tous ces noyaux de peuplement sont alors intégrés dans la société féodale.

 

Histoire de la Principauté de Liège


Trois communes en une

Sous l'Ancien Régime, Pepinster, au confluent de la Vesdre et de la Hoëgne, faisait partie de la communauté de Theux, au marquisat de Franchimont, terre de la principauté épiscopale de Liège, à la limite septentrionale de l'Ardenne. Son vieux village était, lui, établi au niveau des rivières, sources d'énergie. Dès lors, il a participé, notamment au Mousset, aux activités métallurgiques du ban de Theux. Et, au début du XIXe siècle, l'industrie textile verviétoise y a essaimé, dans un site peu encombré. Plusieurs familles d'industriels y établirent leurs usines ainsi que leurs habitations et financèrent la création de la route de la Vesdre qui relie la région liégeoise à Verviers et à Theux, par Pepinster. Un peu plus tard, la localité profita également de l'établissement d'une ligne internationale de chemin de fer.

Le développement économique et démographique de la localité et, sans doute aussi , par conséquent, la transformation des mentalités ont amené les gens de Pepinster à demander leur autonomie et à l'obtenir effectivement au 1er janvier 1850.

Les trois autres localités, situées au nord de la Vesdre, appartenaient au duché de Limbourg, où elles formaient une même paroisse, sans appartenir à la même seigneurie. Soiron était une baronnie dont dépendait Cornesse; Wegnez était territoire de la seigneurie de Grand Rechain. Héritage de mille ans d'histoire. Wegnez et Soiron furent érigées en communes en 1797 par le Directoire de la République française; Cornesse le fut à la même époque. Ces trois communes, établies sur les terrasses herbagères du Plateau de Herve, ont conservé longtemps un caractère rural, même si leur population a constitué, dès le XVI siècle, un réservoir de main-d'oeuvre pour la clouterie et le textile.

Mais le Pays de Herve constitue une étape importante sur la route des invasions qui conduit de la région rhénane vers la France. On ne peut estimer le tribut en vies humaines et en réquisitions diverses payé, au long des siècles, par nos aïeux aux envahisseurs et belligérants de toutes sortes. Ainsi, Pepinster est située aux confins de la romanité, devant le monde germanique: Aachen (Aix-la-Chapelle) en Allemagne et Maastricht aux Pays-Bas ne sont qu'à 30 kilomètres.

Un carrefour de cultures

Mais la population a tous les caractères de la race wallonne en terre liégeoise, faite d'hommes et de femmes courageux, industrieux, toujours prêts, tour à tour, à s'emporter ou à s'attendrir. Dans notre dialecte wallon, le mot « djinti » signifie d'abord gentil, agréable, puis aussi actif, laborieux, et même efficace. Il implique la satisfaction du travail bien fait, le plaisir de retrouvailles entre parents et amis, mais aussi, si nécessaire, la lutte ouverte ou occulte pour préserver dignité et liberté.

Le territoire qui constitue actuellement la commune de Pepinster a été, au cours des siècles, un lieu de rencontre entre deux cultures, un point de contacts fructueux ou de contestations entre principautés. Partagé par une frontière sous l'Ancien Régime, regroupant maintenant quatre anciennes communes longtemps différentes, il fait la synthèse de toutes ses composantes, dans un esprit de collaboration et de confraternité, avec ce que les différences de mentalité et de sensibilité peuvent avoir de stimulant.